Voici le communiqué de Patrick à ce sujet...
(on attend encore celui de la fédé...)
Bonjour,
J’espère que vous avez passé un bon été et que la rentrée se présente bien.
Je vous adresse ce courriel car je souhaite vous informer de la fin de mes missions auprès de la fédération française de judo.
Depuis 2 ans au moins (en fait depuis l’élection de Jean Luc Rougé), je suis en grande « délicatesse » avec l’exécutif fédéral.
En effet j’ai osé dire tout haut et dès les premières annonces de JL Rougé (je crois que c’était dans le journal l’équipe au mois de janvier 2005, un mois avant son élection) que l’objectif des 750 000 licences était non seulement une stupidité mais aussi qu’il allait nous détourner des vrais questions, des vrais actions que le judo français avaient à mener impérativement.
Il me semble que la suite, c'est-à-dire ces 3 dernières années confirment bien ma vision des choses.
En mettant sur les rails le Projet Judo, j’avais espéré que la fédération pourrait se recentrer sur le cœur de la transmission de notre activité, « les bases techniques et les principes» ainsi que les procédés d’entraînement de bases comme le « RANDORI », le « Kakari et Yaku soku geiko ». La suite du programme aurait pu consister à faire la même chose pour les katas (retour à la source, au sens des katas) mais aussi à aider les professeurs et les ceintures noires à découvrir tout le patrimoine (qui reste inaccessible pour l’instant) des connaissances que nous a laissé J. KANO à travers ses écrits et ceux de ses élèves.
En produisant de nombreux documents vidéos ces dernières années, et en écrivant de nombreux articles dans l’ancienne revue fédérale (celle d’avant 2005), je pensais aussi pouvoir être utile à la diffusion de ces connaissances. Je pensais contribuer à montrer les différentes dimensions et la richesse d’une discipline comme le Judo, qui me semble être beaucoup plus qu’un sport. Je pensais être en mesure de donner quelques clés pour comprendre certains principes universels auxquels le Judo et la culture des Budo japonais donnent accès (et qu’on aisément traduire ou convertir dans notre culture par analogie). Je pensais aussi pouvoir contribuer à une meilleure formation de nos jeunes combattants dans les pôles, notamment en y introduisant la méthode des « habiletés techniques fondamentales » sous la forme de circuit training…
Hélas, la priorité est au marketing pour la vente des licences ! Donc aux « kits de communication » et aux « kits d’animation »…
La priorité est à la quantité et non à la qualité (preuve en est l’évolution de la revue judo mag).
Tous les budgets qui me permettaient de mener ces actions ont été supprimés :
J’ai découvert notamment que les lignes budgétaires du Projet Judo avaient été supprimées sans qu’on m’en informe, à la veille de l’AG de STRASBOURG au mois de Mars dernier…
En tout cas les actions randori dans les régions qui avaient rencontré un grand succès n’ont pas été reconduites.
Par contre une évidence : le nouvel exécutif a encore plus renforcé le poids et la domination de l’administratif et de la COM par rapport aux hommes de métiers, à la pratique, au terrain. Tout est désormais contrôlé (même ce qu’on dit). Si vous émettez des critiques vous risquez « le pire ». Le pouvoir des élus est renforcé, le rôle et la possibilité de parole des techniciens sont très diminués.
Depuis 2 années, j’ai eu droit aussi à pas mal de pression et autres intimidations de la part de « nos chefs ».
Sans être trop long, le plus significatif c’est lorsque on m’a expliqué que je devais me remettre en question parce que je ne produisais rien pour la fédération et que je ne formais personne…
Je cite : « vous les experts de l’EFJJ vous êtes trop élitistes. Arrêtez de vouloir enseigner la technique aux profs… apprenez leur à faire des 4/5 ans, du Taiso et du Jujitsu ».
Voilà le genre de propos auxquels il a fallu répondre depuis le début de cette olympiade.
Evidemment lorsque nos chefs vont au contact des profs lors des stages ou des mondos ils n’ont aucun scrupule de leur dire exactement l’inverse : « l’important c’est la qualité, nos valeurs, le code moral (mural ?), etc ;
Donc et pour ne pas être trop long, j’ai décidé de prendre mes responsabilités. De toutes façons je ne pouvais plus éviter d’arriver à ce terme. En restant à mon poste, d’une certaine façon je cautionne le système. Je pensais pouvoir l’influencer de l’intérieur comme lors des olympiades précédentes. Mais là c’est devenu trop… Stalinien.
Certains se disent qu’à présent ils ont récupéré tout le contenu et qu’ils n’ont plus besoin. Je pense au contraire qu’ils connaissent l’air mais pas forcément la musique…
C’est aussi la raison pour laquelle avec quelques amis nous avons créé une O.N.G. que vous pourrez découvrir à travers le site :
www.stagejudo.com De cette façon nous entendons poursuivre nos actions de transmissions et de partage des connaissances d’une autre manière, plus libre et plus en accord avec nous même.
J’ai choisi de m’adresser à vous directement, sans détour et par courriel. Je n’ai envoyé cette lettre qu’à un nombre limité de personnes.
Je ne souhaite pas que ce message soit transféré. Je préfère que vous informiez les judokas qui se sentent concernés par le bouche à oreille.
Nous n’allons pas nous mettre en marge du système fédéral. Nous n’allons pas œuvrer contre la fédération, nous allons continuer à œuvrer pour le vrai judo tel que nous l’aimons et tel que nous le concevons.
Si certains souhaitent nous contacter ils peuvent le faire facilement à travers le site ou par l’adresse suivante :
stagejudo@aol.com Je vous souhaite à nouveau une très bonne reprise et je vous remercie du fond du cœur pour l’intérêt et le soutien que vous avez apporté à mes actions et à mon enseignement depuis plusieurs années.
Cette épreuve me donne encore plus de force et de motivation pour continuer à transmettre une certaine idée du Judo, que je crois que nous partageons amplement.
Il y a une grande richesse et une grande diversité dans le judo, et les moyens efficaces de le transmettre sont multiples.
Conservons notre âme, notre passion, notre liberté de pensée et nous trouverons les chemins pour poursuivre cette belle aventure !
Merci et à bientôt,
Patrick ROUX